Ustica : des crevettes à l’apéritif septembre 2021 (Par Fabien N.)

Les chatons colorés de notre président, imprimés sur sa chemise, signe nettement visible de ralliement, se pressent à Orly pour un embarquement imminent. Romain, notre vénéré président, le gentil Alexandre dit Lapin, notre généreux organisateur Denis, Serge le passionné, Fabrizio le presque régional de l’étape et moi-même nous apprêtons en effet, en ce samedi 11 septembre, à rejoindre l’autre partie du groupe, déjà arrivée à Palerme où règne un temps humide. Le sympathique Pascal, qui partagera ma chambre, Fred, toujours prêt à donner de précieux conseils, et l’apaisant Bruno prennent l’eau dans la capitale sicilienne. Heureusement notre génial organisateur a commandé le soleil pour l’heure de notre atterrissage et on lui fait tellement confiance. Les plus impatients, le pétillant trésorier, Benjamin, l’élégant Mickaël, et le convivial Pierre ont même déjà pris possession de la belle île d’Ustica.
L’avion est loin d’être plein, favorisant une sieste sereine, en vue d’une belle soirée à Palerme : bière, charcuterie italienne, brioche à la glace…

Le lendemain, le temps s’apaise. Les cieux ont entendu la supplique de Denis. Nous sommes prêts à attaquer ce nouveau millésime Ustica, sortie PAEC hautement populaire depuis plus de 12 ans. Notre ferry vogue sur une mer calme et paisible vers notre île. Ustica apparaît, accueillante, au bout de 1h30 de traversée, tout comme Angelo qui nous attend au port pour monter les valises, lourdes d’équipements de plongée, vers l’hôtel Ariston.

Les chambres jouissent d’une vue imprenable sur le port d’où l’on peut admirer l’embarcadère pour nos futures plongées.
Mais avant, il ne faut pas déroger aux coutumes : apéritif sur la place du village où les autochtones côtoient les touristes.
Dîner de poisson très savoureux au restaurant de spécialités da Umberto où je continue à faire connaissance avec le groupe. Benjamin demande par exemple à Fabrizio, qui, rappelons-le, parle un français excellent, mais avec un accent italien à couper au couteau, s’il est italien… on comprend qu’il est grand temps d’aller se coucher. Retour à l’hôtel.
Pascal informe le groupe que notre climatisation ne fonctionne pas. Comme de vrais plongeurs qui forment en permanence la palanquée, six membres du groupe entrent dans notre chambre pour la réparer de concert. Une véritable chorégraphie se déroule devant mon lit. La bande montre qu’elle est bien soudée. Nous sommes prêts pour aller nous régaler ensemble sous l’eau dès le lendemain.

Première journée de plongée, les chatons présidentiels se sont transformés en plongeurs multicolores sur la chemise du président. Le grand moment approche.
Denis tient à plonger avec moi pour me mener la vie dure : il prétexte ses années de classe préparatoires où mon père lui a dispensé l’enseignement de la physique et de la chimie. Le monde est petit. Mon père lui aurait fait passer les pires heures de sa vie, et Denis compte bien me les faire payer. Il faut dire que dans le sud de l’Italie, il n’y a jamais prescription sur les dettes familiales, je n’en mène pas large. Heureusement, Roberto, notre guide local habituel, accompagné de l’efficace Béatrice, et de la sympathique Federica, détourne l’attention et entame le briefing pour ce premier spot. Scoglio del medico, le Rocher du médecin. Selon la légende, un médecin y aurait été éconduit par sa fiancée, fiancée à la capacité pulmonaire digne d’une grande plongeuse… tout un programme.
Nos premières bulles sont magnifiques. Même pour moi ! Ouf, Denis ne m’en veut pas ! Ni à mon père ! Il aurait plutôt l’intention de le remercier. Les plongées vont finalement se passer dans une bienveillance sans égale. On côtoie de gros mérous, de nombreux bancs de poissons qui ne veulent pas nous quitter. Et nous non plus, on ne veut pas remontrer pour les abandonner. Nous sommes émerveillés.
Le premier déplacement sous l’eau commence très fort : une double ! Une double faille, ou double canyon ! Les lampes éclairent des couleurs des plus variées dans ces passages très étroits : gare à ceux qui ont abusé du Nutella au petit déjeuner. Nous ressortons avec des étoiles (de mer) dans les yeux.

La coutume veut aussi que nous déjeunions d’une copieuse salade sur la terrasse surplombant le port du restaurant Carpe diem. Puis une sieste s’impose avant la plongée de l’après-midi : secca dela Colombara. De magnifiques et étonnants bancs de sérioles tournent autour de nous, au-dessus de l’épave. Nous sommes au comble. Même un lièvre des mers se montre curieux et s’approche de nous.
Cette journée ensoleillée, agrémentée d’une mer d’huile, s’achève, comme dans les bons Astérix, par un banquet convivial au Rosso di Sera, restaurant préféré de Benjamin et Mickaël, dont les goûts culinaires s’avèrent très fiables.

Pour le deuxième jour de plongée, Lapin filme les plus beaux d’entre nous descendre les nombreuses marches qui rejoignent la place du village au port. Ce moment est propice aux débriefings des plongées de la veille : Fred conseille Fabrizio dans ces révisions pour le N3. Pascal est nostalgique du ciel de sa Bretagne, tandis que Benjamin et moi-même nous remémorons les bons plats italiens de la veille.
Première plongée du jour : 40 m, je dépasse mon record. Nous sommes sur le spot de Sechitello. La chemise présidentielle arbore de gros requins bleus. Quel est ce présage ? C’est en fait une très belle plongée poissonneuse à souhait où la visibilité est toujours aussi bonne.
Nous retournons l’après-midi au secca de la colombara, rocher que nous contournons cette fois dans l’autre sens. Nous sommes toujours enchantés.
Retour en bateau au port, quelques minutes de navigation suffisent, nous apprécions tous ce confort. D’autant qu’on ne les voit même pas passer, grâce aux blagues de Roberto et aux bonbons Haribo de Lapin. L’humeur est joyeuse, nous sommes apprécions de vivre ces moments de bonheur ensemble.

Et nous poursuivons cette belle journée autour d’un verre. C’est l’occasion de partager les photos et vidéos des plongées du jour. D’autant qu’avec le son, on s’y croirait à nouveau.
Dîner pizza : le pizzaiolo nous fait un peu attendre. Comme pour s’excuser de l’attente, il nous gratifie d’un spectacle très adroit et amusant de lancer et retourner de pâte à pizza devant les tables des clients. Ce temps passé ensemble est propice aux échanges de conseils et de souvenirs de voyages.

Retour à la chambre assez tôt pour un sommeil bien mérité : avec tous ces poissons, cette bonne humeur générale, ces bons plats italiens, les pensées hypnagogiques ne se font guère attendre.
Il faut être en forme pour la journée de mercredi : deux plongées le matin dont la grotte aux crevettes. La nuit ne sera pas trop longue pour charger les lampes.

Troisième jour : les crevettes ! Grotta dei Gamberi
Une grotte avec une entrée entre 39 et 42m. Première entrée dans une grotte immergée pour moi, le reste de la palanquée connaît bien, et Denis me rassure. Ça va être une expérience unique. D’autant que toute une tribu de crevettes nous attend à l’intérieur, elles seront réveillées par nos lampes. On me raconte qu’une année, Serge a dégusté une crevette dans la grotte, il l’a certifiée parfaitement fraîche. Il est temps de sauter à l’eau … et effet, quel spectacle ! Unique !
Et quand on aime, on ne compte pas. Une deuxième grotte est prévue l’après-midi. Grotte de la Cyprée, grotta del cipresso. Encore un moment singulier, puisqu’au milieu de la plongée, on est transporté dans un film de James Bond. Une plage de sable noir, sous les racines des arbres de la campagne italienne du dessus, nous permet de respirer sans les bouteilles. Très surprenant. Un squelette de phoque moine est visible au fond. Une belle photo de groupe s’impose. Je viens de dépasser les 100 plongées, je ne suis pas peu fier.

L’après-midi se termine par une formation individuelle dispensée par Denis, sur le Nitrox, forte intéressante et surtout très utile pour mes prochains séjours.

Nous organisons un apéritif sur la terrasse de l’hôtel pour fêter les 100 plongée de Fabrizio et de moi-même. Moment magique avec vue sur le port. Romain arbore des flamands roses. L’ambiance est à la fête.

Ustica

Ustica

Quatrième jour. Benjamin a bien dormi. Mickaël aussi : nous sommes tous très heureux de ce fait.
Première plongée du jour : à nouveau le Rocher du médecin. Encore la double faille. Les sérioles ne sont pas de la partie. Mais la plongée est toujours aussi belle. Je plonge avec le président et Lapin, mes anges gardiens pour la journée.
Plongée suivante : punta galera, le site de la grotte aux crevettes, mais aller leur rendre visite n’est pas prévue. En effet, il convient aussi d’explorer les alentours.
PAEC a prévu un moment festif sur le bateau à l’issue de cette jolie plongée. Un moment magique, convivial et mémorable, suivi d’un diner au restaurant du port « il faraglione » avec sa belle vue sur le port. On parle déjà de la prochaine sortie PAEC à Ustica.
Dernière journée de plongée, déjà. Tout le monde déplore la dure réalité du temps qui s’écoule, sur terre comme sous l’eau.
Deux plongées le matin. La fatigue se fait sentir. Pierre et Fabrizio sont fébriles à l’idée de passer la théorie N3 dans l’après-midi. D’autant que Denis ne va pas les louper sur les questions vaches, d’après les rumeurs.
Pour moi, une journée mémorable : Serge sera mon accompagnateur pour les plongées de la journée : Punta san Paolo et Seca Folo.
Il me montre de près les éponges pierre, les éponges encroûtantes, les éponges de toilettes. On les touche. Surprenant. Il dirige aussi sa lampe sur des Flabellines, tout petits animaux qui vivent sur des hydraires. Il attrape des
Holothuries qui détachent immédiatement des petits filaments pour se protéger … la liste de nos observations est longue et j’en garde un souvenir ému. J’ai très envie de suivre une de ses formations en biologie marine. (Lapin me fait part plus tard de ce même souhait.) Il me fait faire quelques exercices sous l’eau pour couronner le tout.

La dernière plongée, une nouveauté pour tous (merci Roberto), nous permet de découvrir une grande ancre posée au fond, support d’une vie marine, une arche splendide et de grandes gorgones blanches.

Les plongées se terminent dans cette ambiance insulaire. Il est temps de régler les plongées au club Perla Nero, et de faire tamponner les carnets.
Le dernier toast convivial est l’occasion pour le président et les encadrants de remettre les nouvelles certifications de la semaine. Nitrox et passerelle N2 pour moi. Je remercie au passage Romain, Denis et Serge pour leur aide précieuse et bienveillante. Et surtout le niveau N3 pour Pierre et Fabrizio qui ont réussi avec brio leur formation pratique et théorique. Ils ont eu raison des questions vaches. Merci aussi à Pascal qui fête ses 60 ans et aux 100 plongées de Bruno.
Le diner se déroule avec bonne humeur sur la terrasse de l’hôtel.
L’arche de la dernière plongée, encore gravée dans nos mémoires, s’ouvre vers de nouveaux horizons, vers de nouvelles saisons de plongées, comme les créateurs de séries savent si bien le faire. On parle de nouveaux voyages, de la Papouasie, du Mexique et de ses cénotes, de la Colombie, des Bahamas, et bien sûr … du prochain millésime USTICA !